A l’appel de Yannick Jadot, une vingtaine d’élus et cadres des partis de gauche se sont retrouvés ce samedi à Paris pour entamer un dialogue avant la présidentielle.
Cela ressemble à un premier pas vers l’union. Distancés dans les sondages d’intention de vote pour la présidentielle de 2022, la gauche et les écologistes ont décidé d’accélérer le mouvement. Après l’appel lancé par l’écolo Yannick Jadot il y a quinze jours sur France Inter, une vingtaine de leaders des partis de gauche, de cadres et de prétendants à l’Elysée, se sont réunis samedi 17 avril à Paris pour commencer à parler présidentielle. Lucides sur un point : divisée, la gauche n’a pas la moindre chance d’empêcher un second tour Macron-Le Pen. Autour de la table, dans un hôtel à deux pas du canal de l’Ourcq, c’est Laurence Tubiana, négociatrice pour la COP 21,
qui animait le débat. Chacun a d’abord pu exposer ses vues pendant 4 minutes. C’est Emilie Cariou, ex-députée LREM, qui a pris la parole en premier. Cette ancienne marcheuse qui préside les Nou- veaux démocrates a insisté sur la nécessité stratégique de convaincre les déçus du macronisme et appelé à avancer vers une plateforme aux législatives pour espérer décrocher l’aile gauche de LREM. L’élue a ouvert une discussion sérieuse, faite d’analyses du moment et de propositions sur les moyens de conquérir le pouvoir. Olivier Faure, le patron du Parti socialiste, mais aussi l’eurodéputé Yannick Jadot et la maire de Paris Anne Hidalgo ont notamment appelé à négocier un projet commun et à trouver un
processus pour désigner un candidat unique. Une prochaine réunion aura lieu fin mai Côté écologistes, Eric Piolle et Sandrine Rousseau, tous deux prétendants, ont insisté sur le besoin d’associer la société civile et particulièrement « 2022 ou jamais », une association fondée par les jeunes activistes de la Rencontre des justices. Tandis que Raphaël Glucksmann a invité à s’inspirer du président américain Joe Biden et de sa politique fiscale. La laïcité, sujet qui déchaîne les passions, a été évoquée. Mais de « manière apaisée et dépassionnée », selon Emmanuel Maurel, l’eu- rodéputé proche de LFI.. « Arrêtons de nous engueuler », a plaidé la maire de Paris, la même qui il y a six mois s’en prenait aux Verts pour leurs « ambiguïtés » vis-à-vis de la République… Oubliés les querelles intestines, les insultes et les tweets vengeurs. Après des semaines d’embrouilles sur le syndicat étudiant Unef et sa pratique des réunions non-mixtes, les leaders de gauche ont noué un premier accord en forme de tryptique. Un : se respecter mutuelle- ment. Deux : organiser des ripostes communes face au gouvernement et à l’extrême droite. Trois : engager une discussion sur le programme. Une prochaine réunion aura lieu fin mai. A la sortie ce samedi, tout le monde était ravi. Reste l’éléphant dans la pièce : l’in- carnation. Autrement dit : qui sera le ou la candidate de tout ce petit monde à la présidentielle. Et comment le choisir ? C’est là que l’affaire se complique. Au cours de cette première réunion, on a plutôt contourné cette question délicate. Il faut dire qu’il y presque autant de stratégies que de participants… Chaque candidat a son agenda, chaque parti ses intérêts à défendre. « Commencer par le qui, c’est la pire des manières », glisse Julien Bayou, qui préfère avancer sur un
programme commun. Sous pression in- terne, le patron des Verts organise tant bien que mal la primaire écologiste qui aura lieu en septembre. C’est son mandat, il n’y a pas d’autre chemin, répète- t-il depuis des semaines. « L’alternative, c’est quoi ? Moi, Bayou, qui désigne le candidat des Verts ? Je sortirai pas vivant de la pièce… » Sa ligne est claire : l’écologie politique aura son candidat. Trouver la solution « la moins humiliante » Côté socialiste, on estime que de la primaire des Verts émergera l’inter- locuteur à qui parler. On espère surtout que d’ici là, la candidature d’Anne Hidalgo aura décollé dans les sondages.
« Je l’ai dit aux écolos. S’ils sont les mieux placés, on les soutiendra. Si c’est nous, j’espère qu’ils le feront », lâche le patron du PS Olivier Faure. Ce que je souhaite, c’est qu’on trouve la solution la moins humiliante. » Entre les roses et les verts, alliés traditionnels aux électorats semblables, le rapport de force se poursuit. Un des participants à la réunion décrypte : « Jadot et Hidalgo veulent aller vite, les communistes et les In- soumis sont beaucoup plus prudents ». Déjà en campagne, le député du Nord Fabien Roussel attend un vote des militants en mai pour être officiellement investi candidat des communistes à la présidentielle. Quant à la France In- soumise, elle a déjà son candidat, Jean- Luc Mélenchon. Point barre. Au final, un écologiste résume la matinée : « Pas de fumée blanche, pas de bras de fer. » L’union, mais à tâtons