A Paris, le 21 juillet 2021 – Le député Thomas Gassiloud et le sénateur Stéphane Piednoir ont présenté ce jour leur rapport sur « L’énergie nucléaire du futur et les conséquences de l’abandon du projet de réacteur nucléaire de 4ème génération ”Astrid“ ». Je rejoins le constat des deux élus : l’abandon du projet ASTRID interroge sur la stratégie nucléaire française au regard de sa planification et de son financement. La représentation nationale n’est pas suffisamment associée aux décisions portant sur la stratégie relative au nucléaire civil et à la gestion de ses déchets. Un enjeu aussi stratégique doit faire l’objet d’un grand débat public.
Le projet ASTRID avait initialement pour objectif de mieux exploiter les matières radioactives tout en réduisant la quantité de déchets nucléaires. Il était dans la ligne engagée depuis 40 ans : stocker l’uranium appauvri issu des opérations d’enrichissement en le considérant comme une possible ressource énergétique. Son abandon a été acté dès 2019, par simple communiqué de presse du CEA, après la fin de sa phase de conception. Cette décision ne sera potentiellement pas sans conséquence sur le volume des déchets et des matières radioactives puisque les matières déjà recyclées risquent d’entrer dans le champ des déchets radioactifs, et les rapporteurs estiment que les conséquences sont potentiellement très lourdes sur l’industrie nucléaire française et le stockage géologique des déchets.
Le projet ASTRID n’est pas le seul exemple qui interroge sur le manque de visibilité autour de la stratégie nationale relative au nucléaire civil. A ce jour, la production du Plan National de Gestion des Matières et des Déchets Radioactifs (PNGMDR), dont je suis chargée du rapport parlementaire et qui porte sur son évaluation institutionnelle, a plus de deux ans de retard. Le Gouvernement, qui s’est placé dans l’illégalité, entrave de surcroît notre travail et la mission de contrôle du Parlement quant à la stratégie du Gouvernement sur ce plan.
Au fil des auditions que nous menons au sein de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST), dont je suis membre, les sujets sont à la fois nombreux, mais surtout récurrents. Je pense notamment au manque de personnel nécessaire pour réaliser les travaux indispensables à la prolongation, à l’entretien ainsi qu’aux démantèlements à venir des infrastructures nucléaires. Tous les ans, ce problème est évoqué. Une stratégie ministérielle devient urgente pour y répondre. Sur la gestion des déchets nucléaires, seul l’enfouissement a été étudié. Au regard du volume de déchets, des sujets de sûreté, de l’abandon du projet Astrid et de ses conséquences, notamment sur la production du volume de déchets, il semblerait intéressant d’étudier les autres alternatives prévues par la loi, notamment l’entreposage de surface.
Pour Emilie Cariou : « Sur le sujet du nucléaire, les questions sont multiples et les enjeux de souveraineté énergétique sont cruciaux. C’est un domaine stratégique qui mérite un véritable débat national public et qui associe maintenant réellement la représentation nationale . Si nous voulons faire face aux défis que posent le nucléaire, nous devons poser et chiffrer nos besoins de financements, de ressources humaines et peser chaque option de traitement des déchets avec le maximum de transparence».